Nicanor Parra, l’anti-poète né d’une famille d’artistes

Brillant étudiant et poète emblématique, Nicanor Parra vient d’une illustre famille d’artistes chiliens, et est le père de l’anti-poésie chilienne.

Né à San Fabian de Arrico, près de Chillán en 1914, Nicanor Parra Sandoval appartient à une famille d’artistes, de musiciens et d’écrivains. Il est considéré comme l’un des poètes les plus importants de la littérature espagnole du XXe siècle. Si sa sœur Violeta Parra et son frère Roberto Parra Sandoval ont tous deux emprunté la voie de la chanson folklorique, Nicanor Parra poursuit de brillantes études de physique et de mathématiques qui l’ont conduit jusqu’à l’Université d’Oxford pour étudier la cosmologie.

C’est sur les bancs du lycée de Chillán que Nicanor Parra noue ses premiers contacts avec la poésie. Le poète lui-même se souvient qu’il faisait à cette époque des vers très pompeux et sentimentaux, pleins de rhétorique, à l’opposé du style qui a fait sa renommée, l’antipoésie. C’est un mouvement qui tente de résister aux conventions de la poésie traditionnelle par l’usage d’un langage anti-rhétorique et familier.

À la suite de la publication de son premier recueil, intitulé Cancionero sin nombre (1937), Nicanor Parra obtient le Prix Municipal de Santiago et se voit désigner par la poétesse chilienne Gabriela Mistral comme “le futur poète du Chili”. Il faudra attendre quelques années supplémentaires pour que les mots de celle qui avait obtenu le prix Nobel de littérature en 1945, se réalisent avec la parution de Poèmes et Anti-poèmes (1954). Ce recueil bouleverse complètement la poésie chilienne et hispanique, marquant l’explosion du courant de l’anti-poésie.

Ce vif succès littéraire qui s’étend bien au-delà des frontières du Chili lui vaut plusieurs nominations au prix Nobel de littérature, sans pour autant que son travail soit couronné par ce prestigieux prix. Il obtient néanmoins le prix Cervantes, le plus important prix littéraire du monde hispanophone décerné par le ministère espagnol de la Culture. Ce recueil dans lequel il confirme son style est devenu un classique de la littérature latino-américaine. Nicanor Parra est cité comme une source d’inspiration par des écrivains hispanophones et anglophones.

Sa volonté de rompre avec la poésie classique l’a poussé à développer encore davantage le paradigme de l’anti-poésie en mêlant l’art plastique et la musique à l’écriture. En 1990, il a l’occasion de collaborer avec le poète catalan Joan Brossa pour réaliser une exposition à l’Université de Valence et au Musée d’art de Chicago.