L’économie de la pêche au Chili

Le Chili, encastré entre le Pacifique et la cordillère des Andes, possède plus de 6 000 kilomètres de côtes, des centaines de kilomètres de fleuves et de nombreux archipels aux eaux riches. Ces conditions géographiques font de ce pays aux climats variés, un endroit propice aux développement de la pêche en mer et de la pisciculture.

Le Chili fait partie des principales puissances de pêche au niveau mondial, avec la Chine et le Pérou. Sa production est destinée à plus d’une centaine de pays, dont le Japon avec des exportations d’un milliard de dollars et les États-Unis avec 608 millions de dollars. L’aquaculture se distingue dans ce secteur car depuis plusieurs années, elle a augmenté ses expéditions de produits de haute qualité, qui représentent ensemble 78 % des montants totaux exportés au cours de la dernière décennie, ce qui représente 64 % en termes de volume. Les principaux produits de cette industrie sont issus de la culture des salmonidés : la truite arc-en-ciel, le saumon de l’Atlantique, le saumon Coho.

La pêche et l’élevage de poissons sont le deuxième pilier de l’économie chilienne représentant aux alentours de 8% de la richesse nationale. Le secteur emploie près de 13% de la population active et repose sur la pêche de morue, de maquereau, de merlu, de crevette, de crabe, de calmar, l’élevage de saumon, de truite, d’algue, de moules et d’huîtres, mais aussi la production de farine et d’huile de poisson pour l’alimentation animale, et le développement d’autres industries. Cette immense variété d’espèces et de produits marins est offerte par les eaux tempérées du nord et les eaux froides du sud.

Historiquement, il faut attendre la fin du XIXe siècle pour que l’État prenne conscience de l’importance de ce secteur face à la surexploitation des bancs naturels d’huîtres et aux tentatives privées infructueuses d’introduction de poissons exotiques dans le pays. Pour structurer le secteur de la pêche, l’État fait appel à des scientifiques européens et promulgue les premières lois sur la pêche permettant l’encadrement concret des activités. Il faut attendre le début des années 1970 pour observer un tournant dans la politique chilienne conduisant à la prépondérance des entreprises multinationales dans le secteur. En effet, c’est la politique d’ouverture économique qui a mené à l’implantation de multinationales et au déclin de la pêche artisanale et des acteurs institutionnels.

Ces activités ne sont pas exemptes de problèmes écologiques, parfois graves, sur les milieux naturels. Celui de l’eutrophisation des océans est particulièrement redoutable et touche aussi bien la faune et la flore que la stabilité socio-économique du pays. L’eutrophisation désigne l’enrichissement excessif en nutriments dans un écosystème aquatique provoquant le développement incontrôlé d’algues. Lorsque ces algues sont toxiques comme la phycotoxine paralysante, elles peuvent provoquer des phénomènes de marée rouge conduisant à des catastrophes naturelles et humaines en se propageant dans la chaîne alimentaire marine et causant la mort de plusieurs personnes ou de grands mammifères marins tels que la baleine. En 2015, une marée rouge a tué près de 350 baleines en Patagonie. L’année suivante, une marée rouge dans l’archipel de Chiloé a conduit à la mort de millions de saumons et à la paralysie de l’économie à la suite de l’interdiction de la pêche dans la région des Lacs. Ces mesures d’urgence sanitaire prises par l’administration de Michelle Bachelet ont plongé les milliers de personnes vivant de la pêche artisanale dans une grave crise sociale.