Les « chilenismos » et l’art de parler chilien

La colonisation a permis à la monarchie catholique espagnole de régner sur une grande partie de l’Amérique Latine. Par cette domination, la langue castillane s’est imposée sur le continent. Mais les régions colonisées possédaient aussi leurs propres langues : plus de 500 dialectes différents dans toute l’Amérique latine. Peu à peu, ils ont été mis en retrait, remplacés par l’espagnol castillan. Au Chili, ce processus a donné naissance à un langage propre : les “chilenismos”.

On remarque aujourd’hui que l’espagnol d’Amérique latine reste bien différent de celui d’Espagne. Ces diversités de langue sont notamment dues à l’histoire de chaque pays, son immigration mais aussi à l’influence des langues autochtones, qui ont donné naissance à certains mots et aux différentes façons de les prononcer. Voici donc une petite introduction aux “chilenismos” et à l’art de parler chilien.

 

Les « chilenismos » et l’influence des langues indigènes

Mots chiliens d'origine indigène

Le jargon chilien regorge de ces particularités de langage qu’on appelle là-bas “chilenismos”. Ce sont des mots, expressions ou tournures de phrases propres à l’espagnol du Chili, et que bien souvent seuls les Chiliens comprennent !
Bon nombre de chilenismos proviennent des langues indigènes, ou d’une fusion entre celles-ci et l’espagnol. Voici quelques exemples des langues indigènes présentes sur le territoire et de mots chiliens qu’elles ont engendrés :

Mapuche

  • Cahuín : commérages
  • Guata : ventre, panse
  • Pilucho : nu ; a donné son nom au body pour bébé
  • Pololo : à la fois petit ami, emploi ponctuel, et bourdon

Quechua

  • Cancha : terrain de sport
  • Concho : reste d’un produit liquide
  • Nanay : expression pour soulager la douleur
  • Quincho : dépendance plus ou moins ouverte où les Chiliens se retrouvent pour leurs traditionnels “asados”, des barbecues conviviaux.

Aymara

  • Apañar : emmener, au sens original, mais ce verbe s’est étendu et signifie aussi que l’on peut compter sur une personne pour un évènement ou une contribution
  • Guagua : bébé
  • Paya : vers improvisé qui fait l’objet de compétitions entre deux personnes

Mais d’autres chilenismos ont une histoire propre, un fait historique, une coutume ou un personnage à l’origine de leur usage.
C’est le cas par exemple de l’expression « tomar copete« , qui désigne le fait de boire de l’alcool. Cette expression fait référence à Doña Juana Copete Sotomayor, une dame qui vécut à la fin de la conquête espagnole au Chili et qui était connue pour organiser de grandes soirées alcoolisées.
Toujours en référence à l’histoire du pays, pourquoi le travail s’appelle-t-il « la pega » au Chili ? Autrefois au Chili, les rues étaient faites de pavés qui étaient collés à la main par les ouvriers, rendant le travail physique et laborieux. « Aller coller des pavés » a dérivé au fil du temps en « aller au collage », qui désigne aujourd’hui le fait d’aller travailler.
Par ailleurs, sur presque toutes les places du Chili, on peut voir des « quiltros« , c’est-à-dire des chiens errants. Ces chiens peuvent avoir des propriétaires mais ne sont jamais à la maison. D’où le mot « patiperro » (pattes de chien), aujourd’hui utilisé pour désigner les personnes qui aiment voyager.
Pour finir, voici quelques chilenismos courants, que vous pourrez réutiliser lors de votre prochain voyage au Chili : « bacán » par exemple peut s’utiliser pour exprimer son enthousiasme ou son admiration pour quelque chose ; son équivalent français serait « superbe » ou « chouette ». Par « los pacos« , les chiliens se réfèrent à la police, on vous déconseille cependant de l’utiliser car trop familier. Quand on dit que l’on va prendre la « micro« , c’est que l’on s’apprête à monter dans un bus. Enfin, l’expression « cachai ? » et sa forme interrogative correspondraient à un « est-ce que tu as compris ? » en français. Celle-ci naît en réalité d’un mélange avec l’anglais “catch” (saisir).

 

L’accent chilien

Chilenismos

On pourrait qualifier celui-ci de “paresseux” : les Chiliens suppriment les “s” et plus généralement toute consonne qui se trouve à la fin d’un mot, tout comme ils tendent à supprimer certaines consonnes qui composent les mots. Par exemple, pour les adjectifs qui se terminent par –ado, comme “helado” (glace, glacé, gelé), le “d” devient muet (“helao”). Autre exemple : le “r” qui se trouve dans “para” (pour) disparaît, et “para” devient “pa”.
D’une façon générale, l’espagnol du Chili est difficile à comprendre pour un étranger, ou même pour les autres hispanophones, en raison de ces nombreuses contractions.

 

L’informalité

L'art de parler chilien

En plus de l’accent très spécifique, l’art de parler chilien passe notamment par une informalité généralisée. Au Chili, les mots informels, voire grossiers, sont devenus avec le temps une constante du parler chilien. Aussi, on emploie aujourd’hui certains mots qui étaient autrefois considérés comme des grossièretés, pour désigner nombre de choses. Ces nouveaux sens donnés aux mots leur feraient presque perdre leur sens et leur connotation négative d’origine.

 

L’inventivité et l’humour

Accent de l'espagnol du Chili

Enfin, les Chiliens illustrent énormément leurs propos à l’aide de nombreuses expressions imagées et pittoresques. C’est pourquoi il est amusant et ludique de les écouter discuter pour l’étranger qui parvient à comprendre leur accent. Ainsi, un adjectif qualificatif s’accompagne souvent d’une comparaison amusante. Par ailleurs, entre amis ou en famille, il est fréquent que les Chiliens, au lieu de s’appeler par leur prénom, emploient des surnoms souvent tirés d’une caractéristique physique de la personne.

 

Quelques exemples d’expressions amusantes

Expressions chiliennes

  • Más tenso que testigo falso (plus tendu qu’un témoin qui ment) : une personne anxieuse
  • Más frío que los pinguinos (plus froid que les manchots) ou más frío que abrazo de suegra (plus froid qu’une embrassade de belle-mère) : froid
  • Me sacó los choros del canasto (il/elle m’a sorti les moules du panier) : quelque chose de contreproductif, de frustrant
  • Más contento que perro con dos colas (plus content qu’un chien à deux queues) : très content
  • Más seco que escupio de momia (plus sec qu’un crachat de momie) : sec
  • Más prendido que tele de concierje (plus allumé que la télévision d’un concierge) : très motivé
  • Más lento que cascada de manjar (plus lent qu’une cascade de confiture de lait) : très lent

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