José Donoso, l’explorateur des lettres

De ses études de philologie anglaise à l’Université de Princeton jusqu’en zone australe du Chili, où il a travaillé aux côtés d’éleveurs de moutons, en passant par l’Amérique centrale, la vie de José Donoso a été marquée par un certain esprit d’aventure en Amérique.

Né en 1924 dans une famille plutôt aisée de Santiago, son œuvre est influencée par la littérature anglo-saxonne contemporaine, que l’on retrouve en particulier dans ses premières nouvelles, jusqu’à ce que paraisse en 1957 son premier roman, Couronnement, vaste fresque de la société de Santiago et de la décadence de ses élites. Il est généralement considéré, avec Enrique Lafourcade, comme le membre le plus important de la « Génération des années 50 », caractérisée par une intention de critiquer le déclin des classes aristocratiques chiliennes. Son premier roman et son ouvrage, Histoire personnelle du boom, sont des références en la matière.

En expérimentant des nouvelles formes techniques et linguistiques, L’Oiseau obscène de la nuit (1970) est dépeint par les critiques comme un véritable chef-d’œuvre. Dans cet ouvrage, José Donoso a mis en relation différentes histoires de montres et d’êtres difformes pour aborder son thème obsessionnel, la dissolution morale de la société. Cette œuvre a pour particularité de parvenir à faire en sorte que les rêves de ses personnages créent une ambiance cauchemardesque, en évitant de perdre le lecteur grâce à la clarté de son style.

José Donoso est aussi un spectateur de l’avènement de la dictature de Pinochet. Son ouvrage, Le Jardin d’à côté (1981) lui permet de mettre des mots sur son exil en Espagne et la souffrance qu’il éprouve à être éloigné de son pays. Quelques mois après avoir été arrêté pour avoir participé à une « réunion politique non autorisée », il publie le roman Le Désespoir (1986) dans lequel il aborde la tragédie politique chilienne du point de vue de l’homme qui est revenu dans son pays après de longues années d’exil.