L’algoculture au Chili

La culture des algues est un secteur nouveau et en pleine expansion sur toute la côte pacifique chilienne.

Huiro Palo
Les algues sont utilisées dans différents domaines. Une vaste majorité de la culture des algues est destinée à l’alimentation, vous trouverez ainsi souvent le terme de “légume de la mer” employé pour désigner les algues comestibles et qui sont considérées comme des superaliments. Cela veut dire qu’ils sont riches en nutriments, raison pour laquelle elles sont si convoitées.

Alors que la demande mondiale en protéine ne cesse d’augmenter, les algues qui en contiennent beaucoup sont ainsi de plus en plus consommées et leur vente explose dans le monde. Leurs propriétés physico-chimiques en font également d’excellentes candidates pour les industries du textile, pharmaceutiques, de la cosmétique ou encore pour l’agriculture (comme engrais).

Par exemple, les algues sont d’excellents hydratants, antioxydants et régénérants, et sont donc utilisées dans des crèmes pour la peau, des shampooings. Certaines innovations à base d’algues montrent bien la versatilité du produit : vous pourrez trouver des plastiques biodégradables et comestibles ou encore des skis à base d’algues !

La culture des algues au Chili

Appelées communément ‘‘cochayuyo’’, les variétés d’algues trouvées au Chili sont le Huiro Negro, Huiro palo et le Sargazo. Leur récolte est plus lucrative que la pêche de poissons et pour répondre à une demande croissante dans le monde, beaucoup de pêcheurs se sont reconvertis dans le secteur. Cependant, contrairement à des pays d’Asie comme la Chine ou le Japon, le Chili commence seulement à développer la culture des algues, et son exploitation est principalement artisanale. La pêche d’algues se concentre dans la plupart des cas sur des champs marins naturels.

Seulement 4% de la production d’algues au Chili provient de la culture marine alors que dans le reste du monde, environ 90% des collectes d’algues viennent de l’aquiculture. En Asie, la consommation d’algue fait partie des coutumes et habitudes culinaires de la population, ce qui explique leur avance en termes d’aquiculture. Des fragments d’algues ont été retrouvés dans des repas vieux de 10 000 ans ! Au Chili, l’utilisation des algues, peu importe le domaine, n’en est encore qu’à ses débuts et une majorité des récoltes sont encore exportées vers La Chine et le Japon. En 2019, 25% des imports d’algues en Chine étaient en provenance du Chili.

Le Chili est le premier pays producteur d’algues en Amérique Latine. Les habitudes changent petit à petit, et les populations chiliennes intègrent de plus en plus ces “légumes de mer” à leurs repas. Certains des plus grands chefs se sont penchés sur la question et ont créé des repas exclusivement à base d’algues.

Economie des algues au Chili

Au-delà de leurs propriétés intéressantes, le mode de culture des algues offre une solution intéressante pour faire face aux problèmes de surpopulation et écologiques auxquels le monde doit répondre. En effet, la culture des algues a un impact écologique faible, elle est donc une alternative à l’agriculture classique de plus en plus convoitée. Elle ne demande aucun apport énergétique supplémentaire à l’environnement marin. Pas besoin de systèmes d’irrigation. Pas besoin de les nourrir. L’environnement marin est suffisamment riche pour assurer le travail. En comparaison avec l’agriculture qui demande l’utilisation de nombreux systèmes d’arrosage, d’engrais… les algues ont donc un avantage considérable. De plus, ces plantes absorbent le CO2. Selon certains scientifiques, un champ d’algues en absorberait plus que les forêts, amenant ainsi une lueur d’espoir pour faire face aux problèmes écologiques auxquels nous faisons face.

Le commerce du cochayuyo au Chili

Alors que la culture d’algues connaît un fort succès, le Chili fait face à des problèmes de surpêche. Comme précisé ultérieurement, seuls 4% des exportations proviennent de la culture des algues. Puisque la production vient majoritairement de ressources naturelles, il est primordial de coordonner les récoltes pour préserver les ressources du pays. La loi stipule ainsi que seules les algues qui sont déjà échouées (donc “mortes”) peuvent être récoltées. Malheureusement, ces législations sont peu appliquées et le manque de surveillance laisse la porte ouverte à de nombreuses dérives et exagérations. Par exemple, de nombreux pêcheurs fauchent les algues et prétendent les avoir cueillies sur la rive, accélérant le processus et créant des récoltes plus importantes et lucratives. Si le pays ne développe pas la culture d’algues dans le pays, il risque d’y avoir un problème de destruction massive des ressources.

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