1er mars 2024

 

Traversé de long en large, le Chili possède plusieurs routes célèbres, voire mythiques. Parmi elles, on retrouve la route des étoiles, la route des Vins, la route des Lacs ou encore la route Australe, mais peu de personnes connaissent la route côtière. La Ruta del Mar vous invite à voyager aux côtés de l’océan Pacifique, et découvrir en profondeur les paysages et la culture côtière des différentes régions qu’elle parcourt. On vous emmène le temps d’un week-end découvrir une partie de son itinéraire, dans la région du Maule.

Notre voyage commence depuis Pichilemu dans la région de O’Higgins, ville côtière réputée pour ses vagues, très appréciées des surfeurs du monde entier. C’est d’ailleurs dans cette ville que s’est organisée l’épreuve de surf des Jeux Olympiques Panaméricains de 2023.
Alternative à la classique route Panaméricaine, la Ruta del Mar, longue de 3.346 km, est propre aux régions qu’elle traverse. Elle part de la région de Tarapacá au nord, jusqu’à la région des Lacs dans le sud. Notre périple sur la Ruta del Mar s’axe sur la région du Maule, et commence depuis Boyeruca, petit village de pêcheurs.
Nous continuons notre chemin et prenons une route sinueuse, qui traverse une forêt de pins et d’eucalyptus sur une quinzaine de kilomètres. Nous profitons des contrastes de lumière entre les arbres et les rayons du soleil, mais aussi des vues panoramiques qu’elle offre sur les collines environnantes. Nous apercevons même, du haut de la route, les salines colorées du village de Lo Valdivia.

La route débouche sur la laguna Torca et sa réserve. Elle est connue pour abriter une grande quantité d’oiseaux sédentaires comme migrateurs. Plusieurs miradors sont à disposition le long de la route, et nous nous prêtons au jeu pour observer les espèces présentes : des cygnes à cou noir, quelques échassiers d’Amérique, un grand grèbe, et à notre surprise, un majestueux héron cocoi.
À cheval sur deux lagunes, le lac Vichuquén et plusieurs hectares de forêt, la réserve protège plus de 90 espèces d’oiseaux, de poissons et de mammifères comme le chingue et le renard de Magellan.

Arrivés à Llico, nous déjeunons au restaurant de l’hôtel Puerto Viejo. Celui-ci bénéficie d’une formidable vue sur l’océan Pacifique et les vestiges du port du village. L’ancien port de la baie de Llico servait de point de cargaison de blé et de sel. Seules quelques poutres sont désormais maîtresses des lieux. Nous choisissons de goûter à la reineta, poisson vivant exclusivement dans les eaux chiliennes, et dans l’attente du plat, nous dégustons des navajuelas, mollusques pêchés de manière traditionnelle le long du littoral.
Rassasiés de nos plats et de la vue, nous continuons notre route, ponctuée de forêts, de prairies, de rivières et des immenses plages du Pacifique. Nous aurons l’occasion de traverser le fleuve Mataquito, las Siete Curvas (les sept courbes), le fleuve Maule et l’humedal de Putú.

Peu avant la baie de Pelluhue, nous dérivons en direction de la réserve nationale los Ruiles. Grande de 45 hectares, elle loge de nombreuses espèces végétales natives, dont le ruil (Nothofagus alessandrii) arbre endémique de la région du Maule et actuellement en voie d’extinction. Notre sentier dure environ 3 heures, et nous disposons de tout le temps pour profiter pleinement des bienfaits de la forêt.
Notre balade se fait donc dans la joie et la contemplation. Au fur et à mesure de notre parcours, nous découvrons diverses merveilles végétales : hualos, coigues, maiten, quillay, champignons colorés et le copihue, la fleur nationale du Chili. Également endémique, elle pousse sur les arbres dans les bois du centre-sud du pays. Autre trouvaille, un burrito negro (Rhyephenes humeralis), un pacifique coléoptère noir doté de deux taches blanches sur les élytres. Ne sachant voler, il se déplace, non sans aisance, avec une lenteur attendrissante. Même s’il vit du nord au sud, les scientifiques ont remarqué une petite préférence pour les régions du Maule et des Lacs.
Apaisés et revigorés par cette belle promenade, nous arrivons en début de soirée à Curanipe. Nous nous promenons le long du port pour voir les dernières vagues de pêcheurs débarquer sur la plage. Curanipe est connu avant tout pour ses pêcheurs ainsi que ses marchés aux poissons très animés, mais devient de plus en plus sollicité par les surfeurs estivants.


Notre journée débute avec le soleil et le chant des mouettes. Nous partons découvrir un lieu apprécié des locaux, les Arcos de Calán. Les roches karstiques présentes se sont modulées au gré du vent et des marées, pour former une sorte de grande arche. Le secteur fait partie des 14 zones représentatives des écosystèmes de l’espace marin chilien. Ses différentes caractéristiques géologiques attirent de nombreuses espèces animales comme les otaries, les baleines à bosse, les dauphins et de nombreux oiseaux marins.
La marée est basse, nous en profitons pour nous promener et traverser l’arche du dessous. L’écho de nos voix mais aussi de la mer est palpable. Diverses chupallas ornent les parois. Ces plantes natives de la région sont actuellement menacées d’extinction.

Nous quittons ce sanctuaire naturel pour en retrouver un autre, surnommé la Iglesia de Piedra, l’église de pierre. Nous faisons donc un détour dans la région de Ñuble, à Cobquecura, pour atteindre ce lieu mystérieux. Son nom à caractère sacré provient du Chesegun, variante de la langue mapuche. Il s’appelait à l’origine Pilicura, « cura » signifiant pierre et «pili » sacré.
L’énorme rocher dispose d’un étroit couloir le traversant entièrement et créant une sorte de grotte. Celle-ci est en partie occupée par l’océan, voire entièrement lors des hautes marées.
Nous découvrons l’intérieur et l’extérieur du rocher, et nous le trouvons à la fois paisible et impressionnant. À l’entrée, nichée dans le creux de la paroi, on aperçoit une sorte d’autel avec la statue de la Vierge. L’église de pierre reste, comme dans l’époque précolombienne, un lieu de culte pour les plus fervents croyants.

Notre détour se poursuit à 5 kilomètres au sud, pour contempler la Piedra de la Lobería. Comme leur nom l’indique, ces 3 ilôts de pierres hébergent plus de 2 700 lions de mer, pour qui ils sont à la fois un lieu de repos et de reproduction. Déclarée sanctuaire de la nature depuis 1992, cette aire à la fois terrestre et marine de 250 hectares est une éco-région qui abonde en nutriments grâce aux importantes remontées d’eau provenant des côtes. Nous écoutons de loin les lions de mer présents sur les ilôts. Leurs grognements sont puissants et amplifiés par l’écho de l’océan. Ils sont toutefois très amusants à observer.

Nous revenons sur nos pas pour terminer notre balade dans le secteur de Pullay, terminus de la Ruta del Mar. La faim nous prenant, nous nous arrêtons dans le Chiringuito de Pullay, restaurant de plage doté d’une vue privilégiée sur l’océan. La cuisine familiale est à la hauteur des lieux : nous dégustons un chupe de jaiba, et une corvina grillée, pêchée par le propriétaire lui-même.
Notre périple se termine donc, et nous pouvons dire que la Ruta del Mar porte bien son nom. Où que nous soyons, l’océan Pacifique est toujours la vedette, et nous le découvrons sous différents aspects, du plus sauvage au plus familier. Nous n’avons qu’une envie, continuer de rêver sur cette route si poétique.

Marilys T.

Nos circuits dans la région

Carnet pratique

Toute l’année. En cas de grosses pluies, éviter de cheminer sur les parties de la route non asphaltées, plus particulièrement Boyeruca et Llico.

La Ruta del Mar est constituée de plusieurs routes régionales : J-956, J-810, J-820, J-60, K-24, M-50, M-80-N et N-102-M.

Chiringuito de Pullay

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