23 avril 2020

Vous saviez que Torres del Paine peut aussi s’écrire Payne ? C’est en mapudungun, la langue parlée par les Mapuches, peuple autochtone du sud du Chili, de la région de l’Araucanie pour être exact. Notre guide, Anaïs, nous a expliqué que Payne veut dire « bleu céleste » et en effet, à voir toutes les tonalités de bleu que nous avons découvertes au cours de nos balades, je dois vous concéder que le parc porte très bien son nom ! Et j’aimerais vous y emmener, j’aimerais vous faire voyager et partager avec vous quelques instants vécus au fil des lacs, des glaciers et des nuances bleues du Payne.

C’était un jour de vent, comme souvent en Patagonie. Nous sommes arrivées à l’hôtel Grey peu avant 12h, juste à temps pour y faire le check-in pour la navigation. Il y avait déjà une certaine effervescence dans le hall de réception. Autant dire que l’agitation ambiante contrastait nettement avec le monde de calme et d’éternité que nous allions découvrir.
Par groupes, nous sommes guidés depuis l’hôtel vers une petite plage où nous nous équipons de gilets de sauvetage. Une fois vêtus de cet attirail, nous avons pris place dans de petits bateaux qui nous ont emmenés vers un secteur plus abrité du lac. Le vent levait un clapot qui nous chahutait et nous éclaboussait dans les plus grosses crêtes. La traversée a duré une dizaine de minutes avant d’arriver sur une grande plage où nous attendait l’embarcation principale. Une fois à bord de cette grande vedette, nous avons appareillé en direction du glacier Grey situé à l’autre extrémité du lac.
Après un peu plus d’une heure de navigation, nous commencions à apprécier plus en détail le glacier. Tout était calme et silencieux. La force et le mouvement ne s’observaient que par les traces de son passage creusées dans la pierre. Sa couleur ou plutôt ses couleurs se dévoilaient devant nous. Je ne suis même pas sûre qu’il existe assez d’adjectifs pour décrire chaque nuance, du turquoise, du blanc, de la transparence sans en être, des reflets et réflexions qui jouaient avec la lumière du soleil, et puis du bleu sombre, presque noir. La guide à bord nous explique que ces zones plus sombres sont dues aux particules de pierre et autres sédiments qu’érode et transporte le glacier.
Toutes les couleurs de la glace contrastaient avec celle de l’eau du lac. Celle-ci était beige, plus monotone et turbide. Continuant dans son explication, la guide nous indique que cette coloration se doit au glacier. Ce monstre de glace est situé dans une vallée où la roche est principalement sédimentaire et très friable. Il charrie donc beaucoup de particules qui viennent se mélanger avec l’eau. Cette turbidité est d’autant plus importante puisque que le lac contient de ce fait, une forte densité d’argile.
Nous avons réalisé un petit parcours en bateau pour pouvoir apprécier les 3 bras du glacier. C’est là que je me suis rendue compte qu’il était difficile d’envisager ses dimensions et son éternité. C’était une belle rencontre avec ce géant de glace, situé à l’extrémité sud du grand champ de glace patagonique.
Le jour suivant, au détour d’une balade, depuis un belvédère situé au sommet d’une colline, nous observions une vue magnifique.
Nous avions sous les yeux le lac Pehoé, « lac caché » en dialecte tehuelche. Nous étions comme submergées par son turquoise. Il changeait bien à chaque seconde, au gré des éclaircies et des ombres des nuages qui se projetaient sur lui mais il restait invariablement turquoise. C’était un spectacle étonnant. Nous avions de la chance car ce jour-là, nous étions accompagnées d’une guide qui tout au long de la journée nous a aidé à interpréter et comprendre ce paysage qui nous happait à chaque seconde.
Plus au fond, nous a-t-elle expliqué, au pied de « Los Cuernos », se situe le lac Nordernskjöld. Il tire son nom de Otto Nordenskjöld, un naturaliste suédois qui a réalisé un voyage à Torres del Payne en 1889. Et entre les deux lacs, il y a le « Salto Grande » une chute d’environ 10 m qui sert d’exutoire au Nordernskjöld, et alimente en partie le Pehoé.
Nous avons été interpellées et impressionnées par la différence de couleur entre les 2 lacs. Ce contraste était d’autant plus flagrant qu’on pouvait encore voir en aval du « Salto Grande »les eaux vertes du Nordernskjöld qui ne s’étaient pas encore perdues dans le turquoise du Pehoé.
Mais il était temps de repartir, de redescendre de ce promontoire de choix et de continuer notre chemin vers de nouveaux espaces.

Après quelques jours à parcourir le parc et les alentours, notre escapade touchait déjà à sa fin. Nous allions en chemin vers Puerto Natales. Sur la route, notre chauffeur nous a indiqué que nous pouvons aller voir une dernière curiosité : les thrombolites. Le détour n’était pas long et le chemin était de toute beauté. Nous avons même eu la chance de voir plusieurs animaux sauvages sur le bord de la route avant d’arriver sur la rive du lac Sarmiento. Un lac d’un autre bleu : c’est le seul lac du secteur qui ne doit pas son origine à un glacier, mais bel et bien aux précipitations. Cette exception lui confère une couleur toute particulière. Grâce à la clarté de ses eaux et sa topographie peu profonde, celui-ci est le berceau d’une chaîne alimentaire développée et abondante. On y trouve d’ailleurs des truites de bonne taille.
Depuis une petite « plage », nous observions que les rives du lac sont complètement blanches. Notre chauffeur s’est improvisé guide et il nous a expliqué que cette frange blanche autour du lac se devait aux fameux thrombolites. Ce sont des fossiles vivants constitués de carbonate de calcium érigés par des colonies de bactéries qui ont commencé à se former lors de la dernière glaciation, il y a environ 10 000 ans. Chaque année, ils grandissent d’à peine quelques millimètres sous la surface de l’eau. Et c’est parce que le niveau de l’eau a baissé qu’ils sont maintenant visibles sur les rives.
Avant de repartir, nous avons pris le temps d’apprécier les quelques spécimens que nous avions sous les yeux. C’était une dentelle de roche, très fine et à la fois complexe. De l’infiniment petit se formaient des blocs de roches de quelques mètres de diamètres.
Voilà, j’espère que ce petit voyage avec moi vous aura donné envie de venir connaître à votre tour l’envoûtante beauté du parc et de ses alentours.

 

Anne B.

 

Cet article fait partie d’une série de 4 récits, écrit par 3 membres de notre équipe à la suite d’un voyage de reconnaissance réalisé en Patagonie australe. Retrouvez prochainement le parc du Paine : vous prendrez avec nous les sentiers alternatifs pour des découvertes toutes aussi passionnantes !

 

Carnet pratique

Voir le glacier Grey : La navigation Grey se réalise au départ de l’hotel Lago Grey, d’octobre à avril vous aurez 3 voire 4 navigations par jour.
Accéder au lac Pehoé : Depuis l’entrée dite « Serrano » suivre la route principale vers le nord, vous ne pourrez pas le louper ! Pensez-à vous arrêter aux différents belvédères qui vous offrirons des points de vue inoubliables.

Accéder aux thrombolites : Depuis la route 9, entre Cerro Guido y Puerto Natales, prendre la route Y-180 vers la Estancia Lazo, après 15 minutes vous arriverez sur les rives du lac Sarmiento.
Un circuit ? Circuit Torres del Paine et El Calafate

 

Diaporama

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