1 décembre 2023

 

Un nom qui évoque l’évasion, un port mythique et lointain. Surnommée “le joyau du Pacifique”, la ville de Valparaíso est faite d’une multitude de collines aux maisons colorées. Elle a aussi une histoire propre et une identité qui n’est plus à faire.

Fondée par les premiers Espagnols arrivés au Chili, dans le but d’établir une route maritime entre Santiago, la capitale, et le Pérou, où se trouvait le gouverneur espagnol, Valparaíso a conservé son identité de ville portuaire jusqu’à nos jours. D’abord dédiée aux échanges commerciaux entre le Chili et le vice-royaume du Pérou, elle fut ensuite pendant longtemps un port stratégique pour les bateaux qui contournaient le continent sud-américain par la pointe sud pour passer de l’Atlantique au Pacifique, ou vice versa. Cette activité foisonnante a perdu de sa superbe après l’ouverture du canal de Panama en 1913, qui offrait une route bien plus courte d’un océan à l’autre. Aujourd’hui, c’est un port commercial, d’où partent et arrivent chaque jour des cargos de containers qui traversent le Pacifique entre l’Asie et l’Amérique du Sud.

Mais c’est aussi et surtout, une ville à l’esprit bohème, au charme désuet, et baignée d’une culture populaire. Diverse, à l’image de ses quartiers hauts en couleurs et perchés sur ses nombreuses collines (on en compte jusqu’à 45 !), Valparaíso offre aux voyageurs de passage une parenthèse poétique, entre les vestiges de son âge d’or, et sa vie culturelle et colorée d’aujourd’hui.

Nous commençons notre visite par El Plan, la partie basse de la ville, située en bord de mer et au cœur de l’amphithéâtre que forment les collines qui l’entourent. On y trouve les lieux centraux de la vie « porteña » : le marché El Cardonal, le Congrès National, la gare routière, le port industriel… On peut également y découvrir les places principales, comme la place Sotomayor, la place Victoria, ou encore la place O’Higgins.

La journée à Valparaíso est rythmée par les paquebots qui annoncent avec fracas leur départ ou leur arrivée. Au marché aussi, l’activité est à son paroxysme. Le bâtiment, reconnaissable à sa couleur jaune et à ses poutres de métal peintes en vert, accueille les vendeurs de fruits et légumes, tant en son intérieur que dans les rues qui l’entourent. Nous déambulons entre les conversations, les interpellations sonores des vendeurs aux passants, un joyeux brouhaha qui nous donne l’impression d’être en plein cœur du quotidien des habitants de Valparaíso. Au premier étage, ce sont des petits restaurants qui servent une cuisine typique du Chili, avec les produits du marché et de la criée.

Puis nous partons pour quelques-unes des nombreuses collines de la ville. Premier arrêt : le cerro Bellavista et son Museo a Cielo Abierto (musée à ciel ouvert). On peut y accéder par les nombreux escaliers qui sillonnent et relient les différents quartiers et collines, ou bien par le funiculaire Espíritu Santo. Le Musée à Ciel ouvert consiste en une petite zone dans laquelle de grands artistes ont peint une œuvre murale. Ainsi, nous passons devant des fresques signées par Roberto Matta et Mario Carreño, entre autres, tout en flânant dans les rues aux maisons colorées et en admirant les points de vue sur la ville.

En remontant le cerro Bellavista, nous arrivons devant la Sebastiana. Il s’agit de l’une des trois maisons ayant appartenu à Pablo Neruda. Ce poète chilien et Prix Nobel de littérature a marqué chacune de ses demeures de son identité excentrique et artistique. La maison, dont l’architecture rappelle celle des bateaux, est ouverte aux visiteurs. Tout comme son jardin, qui offre un endroit idéal pour une pause.

En redescendant vers El Plan puis en remontant plus loin, soit par les escaliers, soit par les emblématiques funiculaires, on accède aux cerros Concepción et Alegre, qui regroupent quelques-unes des plus jolies vues sur Valparaíso et sa baie. En prenant le funiculaire Concepción, on arrive au paseo Gervasoni, un passage presque caché, entre maisons de tôle colorée, escaliers aux marches peintes, et ruelles aux murs rarement laissés vierges de peintures murales. Chaque nouvelle maison est une invitation à entrer : on y trouve une multitude de petites boutiques d’artistes, d’artisanat, de souvenirs, des galeries d’art, et des petits restaurants et bars, dont beaucoup disposent d’une terrasse avec vue sur la ville.


Celles-ci mènent à un autre mirador, le paseo Atkinson, une promenade qui longe quelques-unes des maisons les plus photogéniques de la ville, avec leurs façades aux couleurs pastel. Nous nous y arrêtons un moment, pour profiter du panorama sur le port et les collines de la ville, bercés par les cris des mouettes. Autour de nous, des artistes et artisans ont installé leurs étals pour vendre leurs créations : de la maroquinerie en cuir, des peintures et croquis de la ville, des bijoux en cuivre ou en argent, d’anciennes cartes postales…


En continuant de flâner au hasard des rues, nous arrivons au paseo Yugoslavo, qui borde le Palacio Baburizza. Celui-ci, qui appartenait autrefois à une famille notable, abrite aujourd’hui le musée des Beaux-Arts de la ville. Nous y entrons, et découvrons sa collection d’œuvres, mais également son intérieur et sa vue sur le port. À l’angle du musée, une petite place où s’assoir à l’ombre des arbres avant de continuer notre visite de la ville.


Nous descendons à nouveau vers El Plan par le funiculaire El Pedral, qui se trouve au bout du paseo Yugoslavo, et marchons le long des rues de la partie basse de la ville, bordées par des bâtiments anciens et imposants, jusqu’au funiculaire Artillería. Celui-ci nous emmène à un dernier mirador, situé à une extrémité du port, et qui domine les docks et leurs hautes grues. On y observe le va-et-vient des camions qui viennent déposer et récupérer leur cargaison, et celui des grues qui chargent et déchargent les bateaux de containers.

Puis il est temps de repartir, après une journée riche, et qui aura éprouvé nos pieds. Nous gardons de Valparaíso cette impression étrange d’être perdus dans le temps, entre un passé que l’on devine fastueux, et un présent bien vivant, coloré et populaire. Finalement, la meilleure façon de découvrir Valparaíso est probablement de laisser les cartes de la ville et les guides à l’hôtel, de chausser une bonne paire de chaussures, et de se laisser porter au gré de nos sens et de notre intuition … Demain, nous irons découvrir la ville voisine de Viña del Mar, ses anciennes demeures et ses longues plages. Puis nous partirons à la découverte des vallées viticoles des environs.

Anaïs Moreno Chabbert

Nos circuits dans la région

Carnet pratique

Valparaíso se visite toute l’année. Accessible depuis Santiago par la route 68, compter 1 heure 30 de trajet.

Viña del Mar : 8 km
Santiago centre : 116 km
Aéroport de Santiago : 107 km

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