29 novembre 2022

 

Au beau milieu du désert d’Atacama, la ville fantôme de Humberstone est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2005. Ouvert au public, ce curieux site attire chaque année un peu plus de visiteurs. Déambuler au cœur de cet important témoin industriel est une expérience aussi enrichissante qu’étonnante et elle permet d’en apprendre davantage sur la vie quotidienne ouvrière en plein désert.

Humberstone

Après avoir parcouru le Grand Nord du Chili, nous terminons ce beau périple par la ville d’Iquique. Pour clore notre semaine sur une note de curiosité et disposant d’une demi-journée de libre, nous décidons d’en profiter pour nous rendre au cœur du désert d’Atacama à la découverte d’un site insolite : Humberstone.
Humberstone est l’unique lieu au monde à posséder en ses sous-sols une telle concentration de nitrate de potassium. Produit phare d’exportation à son apogée, son rôle fût essentiel dans l’intensification de l’agriculture et dans la fabrication d’explosifs. La découverte du nitrate de potassium, également appelé le salpêtre, a engendré une intense activité minière au beau milieu du désert, suivi d’une humanisation sans précèdent au sein de ce territoire. Fondée en 1872 par James Thomas Humberstone, un chimiste anglais, l’usine de salpêtre voit le jour. De son nom d’origine « la Palma », elle prendra finalement le nom de son fondateur dans les années 1930 lorsqu’elle sera reprise par la Compagnie de Salpêtre de Tarapacá et d’Antofagasta.

Humberstone

Le développement de l’usine engendra très rapidement l’apparition d’une micro-ville pour y loger les ouvriers et leurs familles. Entre la crise de 1929 et la concurrence de l’ammoniac synthétique, ce principal producteur de salpêtre connaîtra ses premières difficultés. Son activité reprendra quelques années grâce à un plan de modernisation du site, pour finalement décliner une dernière fois. En 1958, le site est totalement abandonné. Faute de travail, les mineurs et leurs familles se voient dans l’obligation de quitter les lieux. Dix années plus tard, cet ensemble industriel est classé aux monuments nationaux du Chili et dès 2005, au patrimoine mondial de l’Unesco. Humberstone se tourne désormais vers une tout autre activité : le tourisme. Nous vous emmenons alors sur les traces d’un passé minier au cœur du désert.

Dès notre arrivée et malgré la proximité d’une route plutôt fréquentée, le silence semble s’être approprié les lieux. À la réception, nous récupérons une carte de la ville abandonnée afin de mieux pouvoir nous repérer par la suite. Dès notre premier pas franchi à Humberstone, le temps s’est arrêté. Figés à notre tour, nous restons plantés au bout d’une extrémité de la rue principale dont la perspective semble infinie. Cette sensation est accentuée par le fait que nous soyons les seules personnes présentes ce jour-là. Le vent souffle légèrement aux creux de nos oreilles et nous invite à progresser au sein de cette ville fantôme.

Nous déambulons pas à pas et sans un bruit dans ce décor digne d’un bon vieux Western. À son apogée, nous apprenons que la ville comptait près de 4000 habitants. Comme nous pouvons l’observer de nos propres yeux, nombreux sont les vestiges d’une ville qui hier encore, débordait d’activité. Nous visitons une à une les infrastructures liées à la vie quotidienne des mineurs et de leurs familles. La piscine s’est vidée de son eau, l’école a perdu ses élèves, le théâtre a fermé son guichet et l’orgue ne raisonne plus en son église. Bien que le silence soit roi, cela n’empêche pas notre imagination de s’évader à la vue des voies de chemin de fer et d’écouter le va et vient des trains de marchandises. Et pourtant par ses aiguilles, seule l’horloge de la place du marché continue de battre le rythme du temps qui passe.

Maisons Humberstone

Après avoir parcouru ces principaux lieux de rassemblements citadins, nous pénétrons désormais au sein d’une demeure ouvrière, puis nous nous invitons chez sa voisine d’à côté, puis chez celle d’en face. Depuis le palier de chacune de ces habitations, tout paraît être resté à sa place. Il semblerait que tous les habitants soient simplement partis ensemble quelque part le temps d’un week-end ou bien que l’horloge principale de la ville ait sonné l’heure de la sieste collective. Quelques carreaux manquent aux fenêtres, mais les poignées restent quant à elles bel et bien accrochées aux portes que nous ouvrons l’une après l’autre vers ces lieux d’intimité. Bien que l’ensemble des maisons soit à l’état général d’abandon, certaines d’entre elles possèdent encore en leur intérieur un semblant de trace humaine. Il s’agit parfois d’un linge de maison froissé par le temps ou bien encore d’un simple jouet d’enfant égaré ayant perdu ses couleurs d’antan.

Les traces d'une grandeur passée

Nous nous éloignons peu à peu des lieux de vie pour rejoindre désormais le lieu de travail et le cœur de cette industrie : l’usine de salpêtre. Éphémères à leur tour, ces quelques repères sont inscrits à la craie blanche sur des ardoises noires plantées en haut de petits piqués. Nous déambulons calmement à travers ces grands édifices à la structure faite de tôles et de bois tout en en apprenant davantage sur cette ressource abondante durant l’âge de l’or blanc et avant son déclin. Il ne reste que peu de machines et outils présents aujourd’hui, mais l’immensité et l’obscurité du lieu laissent à imaginer l’atmosphère qui pouvait jadis y régner.

Nous revenons doucement sur nos pas et rejoignons pour terminer la place du marché où nous nous retrouvons cernés par deux tours. L’une, obscure et à contre-jour, se dresse fièrement tel un témoin de ce passé industriel, l’autre poursuit son chemin dans ce présent, nous rappelant que nous avons déjà passé deux bonnes heures sur le site. Nous sommes restés sans voix face à ce monde à part et mystérieux, logé au cœur de l’une des zones les plus arides de la planète. Si vous souhaitiez approfondir cette visite, nous vous suggérons vivement de vous rendre à Santa Laura, située à quelques pas de Humberstone. Par leur histoire commune, Santa Laura et Humberstone forment un binôme complémentaire pour comprendre l’ensemble de cette industrie en plein désert. Insolite et captivante, Humberstone est une visite à ne pas manquer si vous passez par Iquique !

Claire Gaudouin

Nos circuits dans la région

Carnet pratique

Vol Santiago > Iquique 2 heures et 30 minutes de vol

Puis 47 km de route pour rejoindre le site d’Humberstone. Route A-16 en direction de Pica, kilomètre 46, Santa Laura, kilomètre 47 à gauche, Humberstone.

Compter une demi-journée.

Pensez à emporter de la crème solaire, des lunettes de soleil et de l’eau.

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