1er mai 2019

Du bleu profond de l’océan pacifique qui l’auréole, aux teintes chatoyantes de ses façades colorées, en passant par le vert de ses plantureuses forêts, les paysages que l’île de Chiloé nous donne à voir nous plongent dans une ambiance tout à fait singulière aux vagues airs de pays nordiques. Emplir ses poumons de l’air marin tout en s’extasiant face aux admirables points de vue sur le volcan Corcovado, situé sur le rivage opposé. Naviguer pour découvrir les îles plus à l’est de l’Isla Grande, île principale de l’archipel de Chiloé, leurs panoramas sur l’océan et leur patrimoine architectural et historique : tel est notre incroyable programme pendant les quelques jours que nous passons à naviguer entre les villages de pêcheurs typiques de cette île.

Après quelques heures de route depuis Puerto Montt, nous laissons le continent derrière nous et embarquons à bord d’un ferry le temps d’une demi-heure à peine. Nous arrivons dans le village de San Antonio de Chacao, port principal de la zone, situé au nord-est de l’île aux cent églises. Nous nous y baladons et profitons de la fraîcheur de la Patagonie. Notre arrêt y est toutefois assez bref, le temps d’admirer les reflets de ses bateaux aux teintes vives. Ancud, notre prochain arrêt, est située à quelques kilomètres plus à l’ouest ; elle abrite 40 000 habitant, sa forte population étant due au trafic maritime jadis intense qu’elle connaît avant l’ouverture du canal de Panama et qui pousse la ville à se développer.

A quelques dizaines de kilomètres de la capitale de la région des Lacs, l’archipel de Chiloé regroupe quarante îles et constitue dès lors le deuxième plus grand ensemble insulaire du Chili, après la Tierra del Fuego (Terre de Feu). Séparée du continent par le Canal de Chacao, Chiloé est une terre longtemps isolée et peu accessible, bien que le franchissement du Canal prenne moins de trente minutes. Les Chilotes actuels émanent de ce fait d’un métissage des peuples environnants, notamment des Chronos, population autochtone de l’île, avec les Huilliches, groupe mapuche de la région sud, puis plus tard avec les groupes hispaniques. Ces quelque dix à douze mille îliens s’organisent principalement autour des bois et des plages, notre circuit s’articule ainsi principalement le long du rivage et nous donne à voir d’incroyables paysages verdoyants bordés par l’immensité océanique, peuplés par des animaux insolites et, pour certains, endémiques.

C’est en effet ce que nous nous apprêtons à découvrir : après avoir admiré le marché artisanal d’Ancud en bois insulaire ainsi que son fort, vestiges de la grandeur passée de ce point de vue stratégique sur le Golfe de Quetalmahue, nous longeons la côte ouest pour rejoindre les ilots volcaniques de Puñihuil, classés zone naturelle protégée depuis vingt ans. Situés à moins d’un demi-kilomètre de la plage dont part notre embarcation, ces derniers sont peuplés de colonies de manchots de Magellan et de Humboldt, espèces possédant respectivement une et deux bandes noires sur le torse. Nous nous approchons de ces petits êtres amusants et observons leur étonnant spectacle. Nous regagnons ensuite la terre ferme et empruntons la route 5 pour nous rendre davantage au sud, dans la ville de Castro, qui constituera notre point d’ancrage durant les prochains jours pour visiter l’Isla Grande, de même que les plus petites îles situées juste à l’est de l’île principale.

C’est effectivement autour de la capitale provinciale de l’archipel que nous gravitons au fil des jours qui suivent. Nous y découvrons l’excellente gastronomie patagone au cours d’un excellent repas composé de fruits de mer et notamment du plat typique de Chiloé : le Curanto. Cuisiné dans un trou creusé dans le sol d’une profondeur d’environ un mètre, il est composé de fruits de mer, de légumes, de viande et de pomme de terre. Ravis de notre incroyable expérience culinaire, nous regagnons notre gite. Après une nuit au beau milieu des fjords, nous quittons le splendide hôtel Ocio territorial. Nous nous apprêtons à découvrir les splendeurs de Castro, ville dont nous avons déjà pu observer, depuis notre hôtel, la baie illuminée par les couleurs flamboyantes du crépuscule. Nous sommes ravis par le charme de ses palafitos, maisons colorées sur pilotis. Avant de découvrir le très original parc Plazuela de Tren qui, construit sur une ancienne station ferroviaire, témoigne aujourd’hui encore de l’ancienne ligne Castro-Ancud par la présence d’une locomotive d’époque, nous plongeons au cœur de la ville. Nous commençons notre visite par la grande plaza de Armas (place d’armes) surplombée par la majestueuse Iglesia San Francisco (église Saint François) récemment repeinte aux couleurs jaune citron et violette. La beauté de l’édifice extérieur ne saurait rivaliser avec celle de la hauteur de son plafond et de ses intérieurs plus qu’étonnant puisqu’exclusivement bâtie avec des pièces en bois. Cette église bâtie en bois insulaire est l’une des soixante églises de l’archipel, dont seize sont classées au patrimoine mondial de l’UNESCO, y compris celle de Castro.

Construites à partir du XVIIe siècle, ces églises sont l’œuvre des missionnaires jésuites puis franciscains qui sillonnent la région pendant des décennies afin d’en évangéliser les populations. Leur unité architecturale s’appuie sur des caractéristiques communes telles qu’un portail couvert en arcades, une porte centrale menant à la nef principale, une seule tour abritant une cloche ainsi qu’une croix. Ces églises tiennent figure non seulement de patrimoine culturel remarquable et tout à fait charmant, mais aussi de repère pour les bateliers du fait de leur proximité avec le rivage. Après une seconde nuit dans notre exceptionnel hôtel, nous quittons ces derniers et montons à bord d’une embarcation à destination de l’île de Lemuy, troisième île de l’archipel par sa surface, et partons à la découverte des neuf villages de pêcheurs et d’agriculteurs qui octroient à cet espace un charme certain. S’y trouvent également trois des seize églises classées par l’UNESCO ainsi qu’une reproduction de la grotte de Lourdes, qui nous laissent bouche bée.

Nous rejoignons par la suite le Cerro Mona, d’où la vue sur le reste de l’île est ahurissante. Nous terminons notre journée par une promenade dans le parc Yaganas où nous côtoyons une flore foisonnante grâce au climat peu commun et particulièrement pluvieux de la région. Nous passons devant de pittoresques ponts, de jolies cascades puis rebroussons chemin et regagnons nos quartiers. Nous nous délectons une nouvelle fois de la vue imprenable dont nous jouissons depuis notre gite exceptionnel à mesure que l’on apporte d’excellents mets à notre table. Nous passons la fin de la soirée à profiter du spa de la propriété situé au milieu de la forêt, seuls et paisibles.

Le lendemain matin, nous partons en quête d’un nouveau trésor caché : l’île de Quinchao, deuxième plus grande île de l’archipel et merveille aux qualités propres, bien différente du reste de l’unité insulaire. Ses constructions en hauteur sur deux à trois étages se démarquent tout à fait des traditionnelles et typiques maisons en bois, dont les façades sont recouvertes de tuiles de bois bien souvent coloré, que nous avons rencontrées dans nombres d’autres villages de Chiloé tels que Castro. En traversant cette terre vallonnée, nous y rencontrons de nombreux oiseaux, lions de mer et dauphins nageant le long des côtes. Nous avons la chance inouïe de profiter d’un temps clément en nous rendant visiter la plus ancienne église de Chiloé, bâtie en 1730, d’une beauté authentique et tout à fait ineffable.

Des étoiles dans les yeux et des embruns sur les joues, nous retournons à l’Ocio territorial pour une ultime nuit. Après un petit déjeuner idyllique face à la baie de Castro dont on ne saurait se lasser, nous partons pour la côte ouest de l’île en direction du parc national de Chiloé. Après un passage devant le lac Huillinco et le lac Cucao tous deux reliés et se déversant dans l’océan, nous y découvrons une forêt valdivienne toujours plus verte et fournie qui s’étend sur plus de quarante-mille hectares. Nous accédons au parc depuis le village de Cucao au bord du pacifique. Nous longeons ainsi l’océan lors d’une courte balade au cours de laquelle nous avons la rare chance de croiser un choroy, perroquet endémique chilien et aujourd’hui menacé.

Sur cette belle rencontre, nous repartons vers le nord et mettons par la même un terme à ce voyage enchanté dans un lieu coupé du monde, dont l’air marin, les habitants ainsi que les paysages furent aussi charmants que vivifiants. Si l’homme libre toujours chérira la mer, nous garderons toujours en mémoire cette île qui a su la sublimer.

 

Brune Soubeyrat – de Gantho

Carnet pratique

Comment y aller ? Santiago – Puerto Montt 1h30 puis Puerto Montt – Ancud 2h30.
Un circuit ? Lacs, volcans et île de Chiloé

 

Diaporama

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